Amis choristes (professionnels ou amateurs), cette page est pour vous. Ecrivez-nous et faites-nous part de vos questions. Avec l’aide de chefs de chœur ou de choristes professionnels, nous y répondrons de notre mieux.
Comment faire ? Sur le site, la « boîte à idées » vous attend. Ou alors, à l’ancienne, en écrivant à l’adresse du journal.
Ce mois-ci c’est Pierre, jeune retraité, qui pose une question plutôt cruciale.
Question de Pierre : Je viens de prendre ma retraite. Je n’ai jamais vraiment chanté mais j’aimerais bien rejoindre une chorale. Est-ce possible, à mon âge ?
Réponse de Sabine Argaut, cheffe de chœur professionnelle et enseignante de chant choral.
Oui, chanter, et à chanter juste, est possible à tout âge. Mais ce n’est pas inné. Bien sûr, on peut avoir plus ou moins d’oreille, plus ou moins le sens du rythme et c’est plus ou moins facile selon les personnes. Mais, à moins d’avoir un problème physiologique avéré (des difficultés d’audition, par exemple), ce n’est jamais impossible.
En réalité, pour tout le monde, chanter, cela s’apprend. On le fait parfois sans s’en rendre compte, dans le contexte familial, parce qu’on a des parents qui écoutent de la musique, qui chantent et qui entretiennent ainsi une familiarité avec cet exercice. Ceux pour qui ce n’est pas le cas et qui n’ont pas baigné dans la musique étant jeunes doivent apprendre consciemment à mettre en place les mécanismes nécessaires. On travaille alors la boucle audio-phonatoire : « entendre ce que je chante et chanter ce que j’entends ».
On peut être gêné par la peur de chanter faux. C’est parfois le cas mais quoi qu’il en soit, cela se travaille. Si une personne chante faux, c’est qu’elle n’entend pas ce qu’elle chante et il y a des techniques pour y remédier. Je peux l’inviter à chanter en « faisant le téléphone », c’est-à-dire en positionnant une main devant sa bouche et une autre en pavillon sur son oreille, pour amplifier le son qu’elle entend et l’amener à se rendre compte de ce qu’elle chante. A partir de là, la correction se fait presque toute seule, avec le temps.
Sur le plan technique, il y a souvent des blocages à lever. Par exemple, si on ne l’a jamais fait, il faut apprendre à chanter en voix de tête. Cela est vrai à tout âge. Je vois des jeunes filles qui ont l’habitude d’écouter des chanteuses de variété n’utilisant que leur voix de poitrine. Comme on a tendance à chanter par mimétisme, ces jeunes filles ont une très belle voix de poitrine mais n’arrivent pas à chanter en voix de tête. Or, tout le monde, homme ou femme, a une voix de tête qu’il serait dommage de ne pas utiliser. C’est une technique, qui se travaille.
En conclusion, on peut dire que chanter s’apprend à tout âge et qu’il serait dommage de se priver de ce plaisir par peur de ne pas y arriver. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de le faire avec un professionnel : un professeur de chant chorale ou de technique vocale, ou encore un chef de chœur qui fait travailler la technique autant que l’interprétation, qui proposera des outils et un cadre rassurant, pour y parvenir.
Petit carnet de notes
Pour accompagner ce courrier du chœur destiné aux débutants (et parce qu’il est parfois difficile de s’y retrouver), un point sur les différentes tessitures qui peuvent se trouver dans un chœur.
Ce qui définit la tessiture, c’est la totalité des notes qui peuvent être produites par une personne. Elle est dûe à la morphologie et ne peut pas être modifiée, juste améliorée par le travail.
Chez les femmes
Voix de soprano : aiguë
Voix de mezzo ou mezzo-soprano : moyenne
Voix d’alto ou contralto : grave
Chez les hommes
Voix de ténor : aiguë
Voix de baryton : moyenne
Voix de basse : Grave
Dans un chœur, les personnes de même tessiture sont regroupées en pupitres. Pour savoir dans quel pupitre chanter quand on débute, voir le Courrier du chœur du mois de mars.