Pour ce courrier du chœur, Julia, choriste amateure, demande comment travailler quand on n’a pas répétition. Inspirée par les confinements, cette question reste d’actualité pour les vacances, en cas d’absence du chef de chœur ou si on est temporairement dans l’incapacité d’aller aux répétitions.
Réponse d’Eléonore Le Lamer, chanteuse et cheffe de chœur professionnelle.
Il y a un préalable indispensable, qui est d’avoir envie. Un peu comme avec le sport, si on se force, c’est plus difficile. Il faut en outre se mettre dans un schéma de bienveillance avec soi-même et, en même temps, dans une forme de rigueur.
A moins que l’absence de répétition ne soit due à un confinement, il est peut-être possible de travailler à plusieurs. Après tout, une chorale, c’est aussi une occasion de faire des rencontres. Donc si vous êtes tentés de travailler à plusieurs, c’est une bonne idée, parce que c’est plus facile et plus agréable, quel que soit le niveau.
Ensuite, que ce soit seul ou à plusieurs, je vous invite à commencer par utiliser le matériel dont vous disposez. Certains chefs proposent des enregistrements voix par voix, c’est un énorme travail pour eux et il faut absolument s’en servir parce que cela permet ensuite d’aller plus vite pendant les répétitions. Si ce n’est pas le cas, il est souvent possible de trouver des enregistrements de l’œuvre pour s’aider à déchiffrer et, ensuite, à progresser.
La partition, même si on ne lit pas les notes
Et puis il y a la partition. Même sans bases en solfège, il est possible d’y trouver beaucoup d’informations. Tout d’abord le texte. S’il est dans une langue étrangère, cherchez une traduction, pour savoir de quoi il parle. Si c’est une langue que vous ne connaissez pas, trouvez un moyen de rendre le travail agréable. Demandez, par exemple, une personne qui connaît la langue de le lire à voix haute et enregistrez. Vous pourrez la réécouter de nombreuses fois et cela vous aidera pour la prononciation. Aidez-vous de l’alphabet phonétique international si vous le connaissez.
Ensuite, il y a le rythme. Essayez de le comprendre et de le mettre en route, éventuellement en battant la mesure ou en frappant dans les mains. Sauf si vous êtes plus à l’aise avec la mélodie, dans ce cas commencez par elle. D’une manière générale, mieux vaut commencer par ce qui vous met le plus à l’aise et par ce qui vous semble le plus facile.
Dans tous les cas, mieux vaut faire souvent de petites séquences de courte durée, plutôt qu’un long moment plus rarement.
Souvent, pendant les répétitions, on manque de temps pour tout assimiler ; le travail à la maison est l’occasion de rattraper cela. Prendre des notes pendant les répétitions permet de disposer d’informations précieuses pour y revenir après. Enregistrer la répétition et réécouter les bandes ensuite est également une méthode qui fonctionne. Et d’ailleurs, d’une manière générale, il est toujours profitable de revoir le travail entre deux répétitions. Au final, vous devenez votre propre pédagogue, vous progressez, vous vous faites plaisir et c’est motivant.
Plus généralement, soyez curieuse. Chercher des informations sur le compositeur, le style musical de l’œuvre, sa période de composition, c’est déjà travailler. Rendez ce travail ludique, imprégnez-vous du morceau que vous étudiez, amusez-vous ; chanter doit d’abord être un plaisir. Et enfin, soyez patiente et bienveillante avec vous-même.
Utiliser les outils en ligne
En complément du travail fait pendant les répétitions, ou si l’interruption dure plus longtemps qu’une ou deux semaines, il existe maintenant une grande quantité d’outils sur internet. Des applications et des logiciels en ligne apportent une aide précieuse, certains pour le rythme, d’autres pour les notes. Lorsque vous les utilisez, ne tentez pas de brûler les étapes. Commencez par les exercices les plus faciles et augmentez progressivement la difficulté. Il y a beaucoup de choses à apprendre mais en abordant un thème après l’autre, il est possible de faire de réels progrès. Voyez notamment du côté du site Apprendrelesolfege.com. Pour ceux qui n’ont pas de piano, il existe des applications qui proposent un clavier en ligne, grâce auquel il est possible de s’aider pour déchiffrer les partitions.
Et puis le confinement a eu ceci de positif que beaucoup d’enseignants ont mis en ligne des tutoriels d’échauffement vocal, qui sont restés depuis. C’est une mine, dont vous pouvez vous servir sans modération. Vous trouverez enfin la version instrumentale de nombreux morceaux. C’est un bon moyen de s’habituer à entendre l’accompagnement et lorsque vous aurez une bonne connaissance de votre voix, vous pourrez même faire une séance de karaoké avec le morceau que vous apprenez !