Pour ce courrier du chœur, c’est Dorothée, chanteuse amateure, qui pose une question : « Peut-on faire le même échauffement vocal pour le chant lyrique et pour le chant en musiques actuelles ? »
Réponse de Mariannick Bond-Madiot, chanteuse lyrique, professeure de technique vocale et cheffe de chœur d’enfants et d’adolescents.
Chant lyrique, chant en musique actuelle, il y a plus de points communs qu’on ne l’imagine. Dans tous les cas, en effet, il est nécessaire de mobiliser le corps, le souffle, la voix. L’instrument est identique, notamment parce que le mécanisme de soufflerie et le mécanisme vibratoire sont les mêmes. Il peut donc se préparer de la même manière et il est tout à fait possible de faire un échauffement unique.
Le corps, le souffle, la voix
Un échauffement commence par le corps, dans le sens où il est question de le mettre en disponibilité. En d’autres termes, on prépare son corps à émettre des sons et à s’écouter ; j’entends par là s’écouter soi-même mais aussi écouter les autres. Pour cela, les exercices concernent la posture et la respiration.
Les étirements servent à « poser » son squelette, à étirer ses muscles et à réduire les tensions musculaires. Et ils servent tout particulièrement à mobiliser et étirer le muscle principal du chant : le diaphragme.
Travailler sur la posture, c’est d’abord avoir les deux pieds posés par terre, ce qui veut dire que les talons doivent être sur le sol autant que les orteils. Cela implique aussi d’être debout en équilibre, sans fatiguer un muscle plus qu’un autre, et d’être capable d’utiliser un muscle indépendamment d’un autre, sans contracter d’autres chaînes musculaires qui n’ont pas besoin de l’être.
L’étape suivante consiste à organiser la souplesse de part et d’autre du diaphragme, dans une homogénéité du buste (les organes et les muscles). Et pour cela, une des choses essentielles à faire est de bailler. Cela aide à mettre en mouvement les muscles liés à la respiration et cela assouplit le diaphragme. Cette étape est importante et ne dois pas être négligée. Je demande même à mes élèves de ne pas mettre la main devant la bouche pour ne pas réfréner son bâillement (on retrouve les bonnes manières à la fin du cours).
Travailler sur les consonnes
Une fois que le travail sur la posture et sur le souffle est fait, on commence à « faire des bulles ». Les joues gonflées, on émet un son – brrr – qui évoque le moteur d’une moto.
On travaille ensuite sur les consonnes. Sur des vocalises simples, il est possible de faire des exercices sur des petits mots : fut-fut-fut, miam-miam-miam, oui-oui-oui… Cela met en route une dynamique de prononciation avant même le travail de la voix et cela fait travailler l’oreille.
Les vocalises se commencent dans les notes médium, puis on expérimente de plus en plus vers l’aigu et de plus en plus vers le grave. Pour les enfants et les personnes qui chantent beaucoup en voix de poitrine, il vaut mieux vaut faire des vocalises sur des mouvements descendants.
Pour tout cela, on peut bien sûr orienter les exercices en fonction de choix esthétiques, c’est-à-dire plutôt vers le lyrique ou plutôt vers des musiques actuelles. Je propose souvent un exercice consistant à prendre une phrase du morceau qui va être chanté en la répétant à différentes hauteurs et dans la dynamique rythmique du morceau.
Ce que je propose ici est bien sûr un cadre général, qui peut être adapté, en fonction de la dynamique du groupe, du niveau de l’élève ou des élèves.