L’affiche des représentations dans le camp de Theresiendsatd

Opéra pour enfants, destiné à être chanté par des enfants, Brundibár est une œuvre emblématique lorsqu’il est question du camp de Theresienstadt. Il est composé par Hans Krása, sur un livret d’Adolf Hoffmeister, en 1938. Au début des années 1940, alors que Krása est interdit de travailler, il dirige cependant des répétitions clandestines de Brundibár avec des enfants de l’orphelinat de juif de Prague. Le 10 août 1942, Krása est arrêté et emprisonné au camp de Theresienstadt. Brundibár est tout de même donné en représentation au cours de l’hiver 1942-43, sous l’égide de Rudolf Freudenfeld, qui dirige l’orphelinat. En juillet 1943, presque tous les enfants de l’orphelinat, ainsi que le personnel, sont à leur tour déportés à Theresienstadt.
Dans le camp, Hans Krása reconstitue son opéra et l’adapte aux musiciens présents. Une première représentation est donnée le 23 septembre 1943.
Elle est suivie d’une cinquantaine d’autres, pour lesquelles la distribution changeait régulièrement, au rythme des convois qui déportaient les enfants vers les camps d’extermination. Le rôle titre a cependant été tenu du début à la fin par Honza Treichlinger, jeune chanteur tchèque dont le talent réel faisait l’unanimité et qui a finalement été déporté et assassiné à Auschwitz le 16 octobre 1944, à l’âge de 14 ans.
Des représentations de Brundibár ont eu lieu devant le comité international de la Croix Rouge pendant la visite de ses représentants et quelques scènes ont été enregistrées pour le film de propagande nazie qui a été tourné à Theresienstadt.

Honza Treichlinger, dans le rôle de Brundibár

Argument
Aninka et Pepíček sont frères et sœurs, orphelins de père. Leur mère est malade et le médecin recommande du lait. Mais les enfants n’ont pas d’argent. Au marché, personne n’accepte de leur en donner. Voyant Brundibár obtenir de l’argent en faisant de la musique, ils décident de chanter. Mais Brundibár les pourchasse et étouffe leurs chants avec son orgue de barbarie. Avec l’aide des enfants des rues, d’un oiseau vif, d’un chat gourmand et d’un chien savant, Aninka et Pepíček vont s’allier pour affronter Brundibár et être plus fort que lui. L’histoire finit bien et sa morale est un hymne à la solidarité face à l’adversité.

Un extrait de Brundibár au camp de Theresienstadt

L’opéra dans son intégralité, interprété en 2018