Emmanuelle Bordon
Earnest Bubulle de Surcroît
Amélie Tsaag Valren

Très loin vers l’est. Entre la Russie et la Chine, la Mongolie est un pays de steppes, de forêts et de montagnes, dont le sud est mangé par le désert de Gobi. Si l’on croit connaître ce grand pays, ce sont en réalité surtout des clichés qui ont fait le voyage jusqu’à nous. Les yourtes posées dans de vastes paysages, les chevaux (dont les crins sont prisés des archetiers), les chameaux… et en matière de musique, le chant diphonique et le morin khuur. Toutes ces images sont vraies. Mais toutes sont réductrices ou, pour le moins, insuffisantes.

C’est à un voyage vers les musiques mongoles que vous convie ce dossier. La Mongolie est en effet un pays de musiques, au pluriel. Les usages de la voix, sous plusieurs formes, y sont répandus. Des instruments à corde et des percussions accompagnent les chanteurs.
Loin d’être figées dans un usage ancestral unique, ces musiques sont au contraire bien vivantes, pratiquées par les jeunes, qui n’hésitent pas, pour certains, à mélanger instruments mongoles et électriques, chant traditionnel et rock, etc. La transmission des techniques est également très dynamique.

 

NB : Pour préparer ce dossier, j’ai eu la chance de passer deux heures et demi avec Johanni Curtet. Il a également eu la très grande gentillesse de me fournir des photos pour l’illustrer. Qu’il en soit infiniment remercié. EB

Dans ce dossier :

Une vitalité artistique incroyable . Interview de Johanni Curtet
Les chants de Mongolie vus par Earnest Bubulle de Surcroît
Un pays de chanteurs
Le khöömi, un art connecté à la nature
Morin khuur, l’instrument omniprésent
Symboliques équines du morin khuur

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Quelques repères géographiques

© Johanni Curtet

On échouerait à présenter la Mongolie en moins d’une centaine de pages. Nous nous contenterons donc d’esquisser quelques traits pour vous mettre en appétit et -qui sait- vous donner envie d’en savoir plus.
Grand comme trois fois la France, ce pays de climat continental (chaud l’été, froid l’hiver) se trouve à 80 % au dessus de 1 000 mètres d’altitude. A l’ouest, une partie des montagnes de l’Altaï (l’Altaï mongole) constitue la partie la plus en altitude, tandis que les vallées se trouvent plutôt vers l’est. Le nord et l’ouest sont occupés par des forêts de pins et de mélèzes. Le reste du pays est constitué de steppes, vastes étendues d’herbes. Au sud, le désert de Gobi offre des paysages variés. A cheval sur la Chine et la Mongolie, il occupe environ un tiers de cette dernière. La Monglie compte environ trois millions d’habitants, dont un tiers vit à la capitale, Oulan Bator.

Quelques repères historiques

Au cours de l’histoire, beaucoup d’ethnies ont peuplé la Mongolie. Vers -245, une confédération de tribus, les Xiongnu, devient un des principaux ennemis de la Chine. C’est notamment pour se protéger de leurs incursions qu’a été construite la Grande Muraille.
Au 13e siècle, un chef nommé Temudjin unifie les tribus mongoles, crée un empire et prend le nom de Gengis Khan. Figure historique, il est considéré comme le fondateur de la Mongolie.
A partir du milieu du 13e siècle, la Chine est dominée par les Mongols, qui y fondent la dynastie Yuan. L’empire commence à s’effondrer en 1368, avec la perte de la Chine. Au 17e siècle les Mongoles tombent sous la domination des Mandchous et les soutiennent pour la conquête de la Chine. La Mongolie est transformée en deux provinces chinoises : la Mongolie Intérieure et la Mongolie Extérieure.
Profitant de la révolution chinoise de 1911, la Mongolie extérieure proclame son indépendance. Elle passe cependant sous influence des Russes, puis de l’URSS en 1921. La République populaire mongole est proclamée en 1924. En 1990, le parti communiste cesse son contrôle sur le gouvernement mongole et en 1992, la république populaire est abandonnée. La période de protectorat soviétique a laissé de nombreuses traces culturelles, dont l’écriture puisque le mongole s’écrit aujourd’hui en alphabet cyrillique.