Depuis jeudi dernier, le théâtre de l’Odéon à Paris est occupé par des artistes qui réclament la réouverture des lieux de culture et la prise en compte des conséquences de la crise sanitaire sur leurs activités. Ce mercredi, qui marquait le septième jour de ce mouvement de protestation, était placé sous le signe de la convergence des revendications.
L’Odéon est toujours occupé. Jeudi dernier, 4 mars, une manifestation des professionnels de la Culture s’est déroulée dans toute la France. A Paris, un groupe d’une cinquantaine de manifestants s’est introduit dans le théâtre de l’Odéon, pour entreprendre une occupation qui se prolonge depuis et commencera donc demain sa deuxième semaine. Même si la ministre Roselyne Bachelot s’est rendue sur place samedi dernier pour les rencontrer, les manifestants ont jugé ses propos insuffisants et réclament des actes. « Nous ne sortirons pas avant qu’un conseil national des professionnels du spectacle soit convoqué avec Roselyne Bachelot et Jean Castex », a annoncé en début de semaine Karine Huet, secrétaire générale adjointe du SNAM-CGT (union des syndicats d’artistes musiciens).
Depuis quelques jours, le mouvement recueille des soutiens venus de divers horizons et tente de fédérer des mouvements déjà existants.
Du Profédim aux Sénateurs
Lundi 8 mars, le Profedim (Syndicat professionnel des Producteurs, Festivals, Ensembles, Diffuseurs Indépendants de Musique) a officiellement annoncé son soutien au mouvement d’occupation du théâtre de l’Odéon. Hier après-midi, François Ruffin, député France Insoumise, s’est rendu à la manifestation qui se tient quotidiennement devant le théâtre et aujourd’hui, ce sont les sénateurs écologistes qui ont fait de même. Présente sur place, la sénatrice Esther Benbassa a notamment jugé que la ministre n’était « pas assez offensive » et a souligné l’aberration consistant à « fermer ces lieux de vie, de respiration (…) alors que l’on voit le monde dans les grandes surfaces ». Elle a fait part de son souhait de retrouver la culture mais aussi de son inquiétude pour les professionnels du secteur.
Du côté des occupants, les revendications concernent également ces deux aspects de la question. Ils appellent en effet à la réouverture des lieux de culture associée à un protocole sanitaire responsable. Mais ils revendiquent également une prise en compte des effets de la crise sanitaire sur leur situation : prolongation de l’année blanche pour le statut d’intermittent, abaissement du seuil d’accès à l’assurance chômage, prise en compte du congé maternité dans le calcul des droits… La garantie de leurs droits sociaux (formation, retraite, santé au travail, congés spectacles) et le refinancement des organismes sociaux du secteur sont aussi au cœur de leurs préoccupations. Ils réclament enfin l’abandon de la réforme de l’assurance chômage.
Un appel à fédérer les mouvements
La présence des élus cet après-midi a été complétée par celle d’autres collectifs militants. Sur la place de l’Odéon, les Rosies, collectif féministe soutenu par Attac, sont venues apporter leur soutien en chantant et en dansant. Des soignants ont pris la parole, ainsi que des membres de Reporters en colère ou de la CGT. Depuis le haut du bâtiment ou depuis la place, les prises de parole se sont succédé, ainsi que des lectures faisant référence à la Révolution ou à la Commune de Paris (qui commençait il y a exactement 150 ans).
Parallèlement, des mouvements similaires ont vu la jour. Le théâtre de la Colline, à Paris, est occupé par plusieurs dizaines d’étudiants en art dramatique et le théâtre national de Strasbourg, également, par un collectif d’une cinquantaine d’étudiants.
Partout, les manifestants appellent; d’une part; à une extension du mouvement et, d’autre part, à une convergence des professions précarisées dans leurs revendications.