Célia Ait Ihaddadene

« Sonne, sonne, cor de postillon ! », d’Alice Julien-Laferrière, un coffret-CD sorti chez Seulétoile mais également un spectacle qui vient d’être joué au musée de la Poste à Paris.

Alice Julien-Laferrière, violoniste baroque, a dirigé le travail de création de « Sonne, sonne, cor de Postillon ! » © Thierry Debonnaire

Quel rapport entre la musique et la Poste ? Le cor de postillon, qui au 17et 18e siècles annonçait l’arrivée des porteurs de courrier. Après de longues années de recherches documentaires et musicales en collaboration avec le Musée de la Poste, Alice Julien-Laferrière a dirigé la création d’un coffret qui comprend un CD et des documents autour de l’histoire de la Poste.
Violoniste française née à Paris et spécialisée dans la musique baroque, Alice Julien-Laferrière a été formée au conservatoire de Montreuil puis au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse) de Lyon. La jeune femme a toujours baignée dans la musique.
Son CD de 59 minutes de musique est le condensé d’une longue recherche sur la présence du cor de postillon au 17e et 18e siècle. Cet instrument typique était en effet utilisé pour annoncer les messagers apportant le courrier de la poste. Mais cela ne s’arrête pas là puisqu’outre le CD, le coffret a été élaboré dans un but esthétique.
« L’idée était d’élaborer une boite souvenir de voyage, avec des formats de cartes postales et géographiques. Le doré présent dans le coffret rappelle le doré de l’instrument », confie-t-elle.
Le format envisagé par Alice, au début du projet, était plutôt une enveloppe. L’intérêt d’être son propre éditeur a été de pouvoir pousser l’extravagance plus loin. Ce travail s’est fait en étroite collaboration avec le graphiste Frédéric Moret, les illustrateurs et les musiciens de l’ensemble Artifices. C’était en effet « beaucoup de travail de réflexion, de conception. ». Patrick Fraize a reconstitué le cor de postillon, et c’est le fruit de deux ans d’échanges avec Jean-François Madeuf, qui joue le cor dans le disque.

Le cor de postillon : un instrument qui l’intrigue depuis des années

Loin de s’en tenir à un seul CD, le coffret renferme aussi des cartes, timbres et autres reproductions de documents de l’époque des cors de postillon.

Le rapport à la musique d’Alice Julien-Laferrière jalonne son œuvre. Violoniste baroque, c’est elle qui joue du violon dans le concerto de Vivaldi sur le disque. Pendant ses études au CNSMD de Lyon, elle a rédigé un mémoire de recherche master qui porte sur l’imitation des bruits du quotidien dans la musique baroque. Cela fait donc dix ans qu’elle travaille sur le sujet de l’imitation du cor de postillon.
Concernant le choix de cet instrument particulier et les peurs qu’elle aurait pu avoir en sortant « Sonne, sonne, cor de postillon ! », Alice répond franchement : « le cor de postillon, c’est un instrument qu’on a l’impression de ne pas connaître mais en réalité, on le connaît : c’est le symbole de la poste, les compositeurs ayant travaillé avec sont très connus, comme Vivaldi. Alors c’était un risque, mais pas tant que ça. »
Aujourd’hui, le disque est à retrouver en spectacle au musée de la Poste à Paris, qui soutient l’Ensemble Artifices depuis 2013. Pour ses projets futurs, Alice Julien-Laferrière souhaite creuser davantage dans le livre disque, notamment sur la musique qui aide les vignes à se développer.