Peu de mythes comme Orphée ont autant inspiré les musiciens. A l’époque médiévale, certains compositeurs se réclamaient d’Orphée. Guillaume de Machaut (1300-1377) s’est placé sous son patronage, par exemple. Durant cette période, la musique était essentiellement religieuse, tournée vers Dieu, ou bien courtoise. Vers le milieu du 14e siècle, avec la début de la guerre de 100 ans et la peste noire, l’édifice vacille. On se met à composer pour les hommes. Ce qu’on cherche désormais avec la musique, c’est « émouvoir » ou « susciter les passions », ce qu’on traduira 2 siècles plus tard par movere gli affetti. On voit émerger un nouveau style musical, le récit chanté, prémices de l’opéra. La figure d’Orphée reste très présente. Entre 1600 et 2014, on compte au moins 48 opéras et une douzaine de pièces (cantates, poèmes symphoniques…) qui font références à son histoire. Parmi eux, des exemples célèbres, pour leur caractère innovant et leur succès, jalonnent l’histoire de la musique.

Page préparée avec le concours de Guillaume Kosmicki

En 1600, Ottavio Peri compose la toute première œuvre connue reprenant le mythe d’Orphée : Euridice. Sur la base d’un livret d’Ottavio Rinuccini, Peri se fait aider de Giulio Caccini pour composer une œuvre qui est considérée comme le premier opéra de l’histoire de la musique (même si Peri avait déjà composé, en 1597, Dafne, dont la partition a été perdue).  Pour écouter cette œuvre (clic)

Orphée domptant les animaux, mosaïque romaine du 2e siècle (Dallas Muséum).

En 1602, Giulio Caccini réutilise le même livret pour écrire à son tour une œuvre nommée Euridice. Cette œuvre en un prologue et un acte a été donnée pour le mariage de la reine Marie de Médicis à Florence. Pour écouter cette œuvre (clic)

Loin de ressembler à celles que nous connaissons, ces représentations ont généralement lieu en petit comité, avec une vingtaine de spectateurs (des invités triés sur le volet), dans un petit salon. Les musiciens sont présents sur la scène, disposés au mieux.

En 1607, Claudio Monteverdi écrit un opéra en 5 actes, une « fable en musique », sur un livret d’Alessandro Striggio : Orfeo. L’œuvre, donnée sous l’égide de François Gonzague, le mécène de Monteverdi, est un triomphe. A cet époque l’opéra est politique. Il sert les nobles, qui financent les créations. Pour écouter cette œuvre (clic)

Illustration de couverture pour la première édition imprimée (Paris, 1764) de la version originale de Orfeo ed Euridice de Gluck

En 1762, Christoph Willibald Gluck écrit à son tour une version d’Orphée, en italien, sur un livret de Ranieri de’ Calzabigi. C’est la première œuvre de sa « réforme ». Il veut sortir du bel canto, de l’outrance, de la virtuosité pour la virtuosité et faire un retour au classique. Il accorde une grande importance à l’orchestre. La première représentation d’Orfeo ed Euridice a lieu le 5 octobre à Vienne.

Pour écouter l’air le plus connu de cet opéra (en italien), Che farò senza Euridice (clic) interprété par le contre-ténor Philippe Jaroussky.

Plus tard, en 1774, Gluck écrit une deuxième version, Orphée et Eurydice, en français, pour le mariage de Marie-Antoinette et Louis XVI. Enfin, en 1859, Hector Berlioz remanie l’œuvre pour permettre à la mezzo-soprano Pauline Viardot de chanter le rôle d’Orphée.

Pour écouter la deuxième version, en français (clic)

Cette œuvre est un jalon dans l’histoire de l’opéra parce qu’elle est le point initial d’un mouvement musical qui veut être un renouveau.

Affiche pour la représentation d’Orphée aux Enfers d’Offenbach au théâtre de la Gaîté, à Paris, en 1874.

En 1858, Offenbach s’attaque pour la première fois à Orphée, un sujet classique, mais en version comique, parodique. En faisant rire, il brise un interdit.

Pour écouter des extraits de cette œuvre, dans sa version mise en scène par Laurent Pelly (avec Natalie Dessay et Laurent Naouri, direction Marc Minkowski) :

Première partie (clic)

Quatrième partie (clic)