Les grèves qui se poursuivent, depuis fin novembre, pour certaines, et début décembre, pour d’autres, concernent aussi les musiciens. Et si elles entraînent des annulations de concerts très nombreuses, elles donnent aussi lieu à des actions qui, pour être destinées à mettre des revendications au grand jour, n’en apportent pas moins des émotions, du plaisir musical et de la convivialité.

Exercer son art dans des lieux et des moments imprévus, pour protester. C’est le choix que font régulièrement des musiciens en grève ces temps derniers. Le 31 décembre, c’est l’orchestre de l’Opéra de Paris qui, comme le corps de ballet la semaine précédente, a improvisé une représentation, cette fois sur les marches de l’Opéra Bastille… tout comme les chanteurs l’avaient fait une quinzaine de jours auparavant. Le 4 janvier, le chœur et l’orchestre philharmonique de Radio France ont interprété un extrait de la 9e symphonie de Beethoven dans le hall de la maison de la radio. Enfin, hier, les vœux de la PDG Sybile Veil ont été interrompus par une interprétation a capella du chœur des esclaves de Nabucco (opéra de Verdi).

Destinées à faire parler du mouvement, ces interventions musicales impromptues atteignent leur but mais, plus encore, provoquent l’émotion et suscitent l’admiration. Car manifester par son art, c’est transformer la violence reçue en un mouvement positif. La protestation n’en est alors que plus vigoureuse.

Dans le même temps, de nombreux concerts n’ont pas pu se dérouler. A Radio France, les concerts du Nouvel An le 31 décembre et le 2 janvier n’ont pas eu lieu, ceux du 4 et du 5 janvier ont également été annulés. Du côté de l’Opéra, ce sont maintenant les représentations du Barbier de Séville (opéra de Rossini) qui risquent d’être impactées, après les annulations de celles du ballet Cendrillon en décembre. Ainsi se déroulent les grèves des musiciens et de ceux qui travaillent dans les coulisses pour que les spectacles puissent exister, contre la suppression d’une série de postes à Radio France et contre la réforme des retraites dans tous les cas : entre concerts annulés et concerts improvisés.

A ce jour, le mouvement ne semble pas faiblir. La grève de Radio France a été reconduite pour une 37e journée. Les personnels de l’Opéra de Paris, quant à eux, refusent d’entrer dans ce qu’ils considèrent comme « une parodie de négociation » et dénoncent un « passage en force ».