Ce mois-ci, c’est Peta, choriste dans un chœur amateur, qui nous pose une question : Pourquoi est-il si important de respirer par le ventre ?

Réponses de Mariannick Bond-Madiot, chanteuse lyrique, professeure de technique vocale et cheffe de chœur d’enfants et d’adolescents.

En réalité, on ne respire pas par le ventre. On respire par les poumons. Ceux-ci sont accrochés sous les clavicules et descendent jusqu’aux côtes flottantes et au diaphragme. Cela représente un certain volume. Pour chanter, il n’est pas souhaitable de ne remplir que la partie haute, car alors, on n’a pas suffisamment d’air et cela crée des tensions. Si, au contraire, on respire pleinement, on provoque un abaissement du diaphragme, les abdominaux sont mis en mouvement et le bas du ventre est poussé vers l’avant. Cela peut donner l’impression que l’on respire « par le ventre », mais ce n’est pas la réalité.

Concrètement, ce qu’il est important de retenir, c’est que l’inspire est un mouvement de détente et pas de mise en tension. Il ne faut donc absolument pas se crisper. Les abdominaux (obliques et transverses, attention, pas le grand droit !) seront mobilisés sur l’expire. La respiration optimale est donc une inspiration sur un mouvement de détente et de relâchement. L’air rentre et écarte les côtes, le remplissage des poumons a un impact sur le bas du corps parce que le diaphragme descend et pousse le bas du ventre vers l’extérieur. Il se relâche, pendant que tout le buste s’élargit.

Si le bas du ventre est un enjeu particulier, c’est parce qu’il est important que l’inspire se fasse jusque là, qu’elle soit ample. Une petite inspire, qui se limite au haut des poumons, c’est une inspiration de surprise, de stress ou de panique, qui provoque une crispation. Cela peut avoir une utilité dans certaines situations de la vie mais pas pour le chant. Il faut donc penser une inspire globale, avec le torse qui s’élargit, et on doit sentir qu’elle va jusqu’en bas.

La technique a beaucoup évolué en la matière. Il y a un siècle et plus, les femmes portaient un corset, elles étaient entravées au niveau de la taille, seuls le haut du buste et le bas du ventre étaient libres de bouger. Cela explique la posture de l’époque, « au garde à vous ». On ne pouvait que ressentir la respiration par le ventre et on disait même qu’une femme enceinte ne devait pas chanter parce que l’air prenait la place de l’enfant. Il y a eu un changement complet à la fin des années 1960 et dans les années 1970, avec ce que j’appelle la « posture Soixante-huitarde », c’est-à-dire le relâchement musculaire complet, notamment du bas du corps.

On a de nouveau changé, pour trouver un juste milieu, dans les années 1990 : on cherche à être tonique sans être tendu. On cherche le lien avec la détente, on assume de chanter pour se faire du bien.

Par conséquent, c’est dans le bassin qu’on a l’ancrage. Les sensations du bas du corps et du bas du ventre sont donc importantes. On est attentif au travail de la globalité du tronc, on recherche à la fois la tonicité, la détente et le soutien. Pour cela, il est indispensable de faire un travail sur la souplesse et la mobilité, le haut, le bas du buste… tout doit rester souple.

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