Bien que faiblement endommagé au cours de l’incendie de la cathédrale, le 15 avril 2019, l’orgue de Notre Dame de Paris doit subir une restauration qui ne peut se faire sur place. Il a donc dû être démonté. Une opération délicate qui vient de se terminer.

L’orgue de Notre Dame de Paris s’en sort bien. Si l’on considère, en effet, l’incendie subi par la cathédrale le 15 avril 2019, puis l’intervention des pompiers qui, inévitablement, rajoute les dégâts de l’eau à ceux du feu, on peut même le considérer comme un miraculé : il n’a pas été atteint par les flammes et il a reçu très peu d’eau. Il a cependant été recouvert de poussières de plomb, qui se sont répandues sur l’ensemble de ses pièces. Certaines d’entre elles ont également souffert des variations thermiques subies par la cathédrale depuis l’incendie, notamment lors de la canicule de juillet 2019. Pour toutes ces raisons, l’orgue doit subir un nettoyage et une restauration. Et parce que ces opérations ne peuvent être réalisées dans la cathédrale, il a dû être démonté.

30 mètres d’échafaudages ont été montés pour pouvoir descendre une à une les pièces du grand orgue. © Christian Lutz / Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Quatre mois de démontage

L’opération de démontage a commencé, au début de l’été, par… un montage, celui d’un échafaudage de 30 mètres de haut. Et c’est ensuite la console de l’orgue qui a, la première, pris la direction du sol le 3 août dernier. « Une phase très délicate, pour nous tous une source de grand stress! », relate Christian Lutz, technicien-conseil auprès des monuments historiques et maître d’œuvre. Cette console est en effet un élément clé, le « poste de pilotage » de l’orgue. Elle comprend cinq claviers pour les mains et un aux pieds, pour actionner pas moins de 115 jeux.

La console du grand orgue symphonique, qui représente une demi tonne de chêne, est précautionneusement chargée sur une palette puis descendue jusqu’aux pavés, treize mètres plus bas. © Christian Lutz / Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Après la console, ce sont ensuite 95 % des 8 000 tuyaux qui composent ces jeux qui ont été démontés, ainsi que les systèmes de transmission et les 19 sommiers que comporte l’instrument. Seuls restent désormais les dix plus grands tuyaux de bois, qui seront nettoyés sur place, les grands tuyaux de façade, trop fragiles pour être démontés, le buffet, et enfin les grands soufflets, qui ne peuvent être sortis sans un démontage de la charpente du buffet.
Chacun des tuyaux, dont la taille va de dix mètres à une dizaine de centimètres, a été soigneusement empaqueté et placé dans une des 250 caisses conçues pour leur transport. Pour Mario d’Amico, le chef de chantier, « le défi majeur, ce sera de stocker ces tuyaux de manière que toute l’harmonie, tout le son d’origine de l’orgue, restent intacts après la manipulation ». Car certains sont très fragiles et peuvent se déformer.

Trois ans de nettoyage

Construit en 1733, restauré en 1868 par Aristide Cavaillé-Coll, l’orgue de Notre Dame de Paris partage avec celui de de Saint-Eustache le titre de plus grand orgue de France. En raison des restaurations et aménagements successifs qui jalonnent son histoire, il comporte des pièces de toutes les époques, dont certaines, d’origines, sont d’une grande fragilité. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

Le démontage a nécessité le concours de onze facteurs d’orgue, issus de quatre ateliers différents. Pour le moment, les noms de ceux qui réaliseront la restauration et le remontage ne sont pas connus. Un avis d’appel public à la concurrence sera publié au premier semestre de l’année 2021 pour choisir la ou les entreprises à qui seront confiés le nettoyage et la restauration de l’orgue. Une fois réalisée l’étape délicate de la dépose, ces opérations ne posent pas de problème technique particulier ; elles sont seulement longues, d’autant plus, et c’est une des spécificités de ce chantier, qu’elles incluent une décontamination au plomb. Objectif : restituer l’instrument dans sont état de fonctionnement originel et redonner un premier concert le 16 avril 2024, cinq ans après l’incendie.

Chaque tuyau, une fois démonté, a été empaqueté avec soin et déposé dans une des 250 caisses en contre-plaqué fabriquées pour le stockage des pièces en attendant leur restauration. © Patrick Zachmann / Magnum Photos

 

Les poussières de plomb, toxiques, imposent une tenue de protection spéciale aux ouvriers qui travaillent sur le chantier. © David Bordes / Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

NDLR : A cause des poussières de plomb et parce que l’affluence de personnes extérieures représenterait un danger important, aucun journalistes ne peut se rendre sur le chantier de Notre Dame de Paris. C’est pourquoi nous présentons, comme tous les médias qui ont traité ce sujet, des photos prises par les équipes de l’Etablissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Merci à ce dernier d’autoriser leur utilisation.