Benjamin Goron

L’écoute des jeux de gorge inuits suscite spontanément l’intérêt et l’admiration pour l’oreille néophyte : que se passe-t-il ? Combien de personnes chantent ? D’où parviennent ces sons inconnus, dont la rythmique hypnotique déroute notre audition ?

Deux femmes s’avancent et se placent face à face en se tenant les mains. Leurs voix se mêlent en un unique chant aux accents gutturaux, d’où percent quelques notes aiguës de temps à autres. Un motif rythmique complexe naît, nous entraîne dans son tourbillon, nous hypnotise. Des changements parfois imperceptibles permettent au chant d’évoluer, de se déplacer, de nous surprendre. Les deux femmes content dans un langage secret et ancien le départ des oies migratrices, les aboiements des chiens partis à la chasse ou le cri des baleines dans les eaux glaciales… Soudain, l’une des deux est prise d’un rire franc et communicatif. Elle vient de perdre la joute mais aura droit à sa revanche dans quelques instants… (…)

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